Introduction : le Malhoun une poésie chantée au Maroc

Publié le par Le Malouf ou l'Andalousie retrouvée

Le malhoun serait-il ce chant par lequel les chameliers rythmaient le déhanchement des caravanes pour animer les soirées étoilées autour d'un gîte d'étape? « A ces chants de chameliers, nous dit Ghazali, même les chameaux sont sensibles, au point qu'en les entendant ils oublient le poids de leurs charges et la longueur du voyage et qu'ainsi excités étendent leurs cous n'aillant plus d'oreilles que pour le chanteur : ils sont capable de se tuer à force de courir ». Or nous dit toujours Ghazali, « ces chants de chameliers ne sont rien d'autre que des poèmes pourvus de sons agréables, aswat tayeba et de mélodies mesurées, alhan mawzouna. En effet, cette poésie populaire qu'est le malhoun est aussi un art musical, plus précisément un tarab, cette émotion musicale qui aboutit à l'extase

Comme l'arganier, le malhoun est endémique, propre au Maroc. Venu du grand sud marocain, il a proposé son art dans les villes ancestrales, MarrakechSaléMeknès et Fès. Fait de vers à rime, dans un arabe dialectal ancien qu'on appelle zajal, il est l'oeuvre d'artisans-poètes au début du siècle dernier, pour ne nommer que Driss Ben Ali El MalkiHaj Ahmed GhrabliJilali M'tered. Cet art est avant tout une poésie libre avec des textes qui frisent parfois avec le libertinage. Il chante toutes les facettes de la vie, des incantations religieuses à la beauté féminine agrémentée d'allusions érotiques, en passant par la stigmatisation des mesquineries et de la vanité humaines.

La culture populaire au Maghreb revêt une immense richesse, bien qu'elle fut surtout transmise oralement. Depuis l'ouverture à l'université de Tlemcen (Algérie), d'un troisième cycle spécialisé en "culture populaire", des écrits qui sont surtout des thèses de Magister ou doctorat, sont venus enrichir la connaissance de ce patrimoine poético-musical qu'est le Malhoun qui est la plus élaborée des formes de versification écrite en arabe dialectal.

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