Colloque sur le oud maghrébin à quatre cordes

Publié le par Le Malouf ou l'Andalousie retrouvée

Période et lieu proposés : Automne 2010 à Alger.

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Problématique générale (par Hichem Z. Achi)

Le oud maghrébin à quatre cordes n'a jamais été l’objet d’un intérêt particulier pour la musicologie, à l’opposé des ouds arabes à cinq ou six cordes. Ce oud existe, ou a existé, sous différentes formes et factures : oud ar-ramal (Maroc), kouitra (Algérie), oud arbi (région de Constantine et Tunisie avec différents accordages). Des questions se posent : Pourquoi ces ouds sont-ils accordés en quinconce ? Pourquoi n’ont-il pas connu de rajout de cordes comme cela est le cas dans le reste du monde arabe ? Quelles sont les incidences de ces accordages sur le jeu instrumental et le chant ? Ces ouds sont, probablement, un chaînon fondamental dans la compréhension de la musique arabo-andalouse au Maghreb et ses spécificités, ses structures, ses tbou’, ses techniques. A partir de là, les intervenants devront se focaliser sur ces instruments, dans une aire géographique maghrébine et/ou méditerranéenne, afin de tenter de répondre à ces questions.

Recommandations

Il sera essentiel de ramener des photos modèles de ouds à quatre cordes appartenant à l’aire géographique considérée. Un oud, proprement dit, sera également très appréciable. La présence des instruments permettra de se faire un meilleure idée du sujet, de pouvoir comparer les différents instruments maghrébins et, surtout, d’en jouer.

Toute personne pourra potentiellement participer à cette rencontre à condition que la nature de son intervention soit clairement prédéfinie (chercheur, luthier, collectionneur, témoin, etc.) et à condition que son aire géographique d’intérêt soit maghrébine. L’aire géographique maghrébine concernant aussi bien le sujet d’étude que l’objet d’étude. A titre d’exemple : un chercheur qui travaille sur un oud maghrébin à quatre cordes et un instrument non maghrébin avec lequel il y aurait liens(s) historique(s) ou similitude(s), pourra participer au colloque. Je crois que l’apport des médiévistes est même essentiel car les liens et interactions entre musique andalouse et musique médiévale restent méconnus. Toutefois, il ne serait pas souhaitable qu’il y ait pléthore d’intervenants non musiciens. A mon avis, la musicologie et ce qui est appelé, à tort, ethnomusicologie, a besoin de divers spécialistes mais doit rester une affaire de musiciens. Pour autant, il n’est pas nécessaire d’être musicien professionnel ou virtuose.

Une participation assujettie à un appel à communication est tributaire d’une organisation logistique dont nous ne disposons pas encore. Un site web devra, tout de même, être mis en ligne. J’ai donc proposé de nous limiter, pour cette fois, à la recommandation et au parrainage préalable par un membre du groupe de travail.

« Charte » de translittération de signes diacritiques

  • A déterminer ultérieurement.

Equipements didactiques

Chaque intervenant devra spécifier à l’avance les équipements nécessaires pour sa communication.

Programme proposé

  1. Conférences

La durée allouée à chaque communication sera de 30 minutes au plus. Les conférences seront groupées en séances et, si possible, par thèmes proches. Un modérateur sera désigné (parmi les communicants eux-mêmes) pour chaque séance. Il sera également appelé à modérer le débat de fin de séance.

  1. Ateliers

Démonstrations et confrontations entre chercheurs et musiciens. Les préoccupations, questions et répliques sont, ici, obligatoirement pratiques et, donc, instrumentales. Il n’est pas impossible que les conférences et les ateliers fusionnent pour une meilleure compréhension.

  1. Master class

La programmation de master classes autour du oud ar-ramal, du oud arbi constantinois ou tunisien est assujettie au nombre d’inscrits. Le seul master class qui peut d’ores et déjà être préconisé est celui qui tournera autour des « techniques pratiques de kouitra ». Chaque master class se clôturera par une pièce musicale interprétée par l’enseignant afin de bien souligner les techniques de jeu qu’il aura abordées.

  1. Expos vente
  • Ouds, kouitras et accessoires.
  • Luthiers de la région d’Alger (pour facilités de déplacement).
  • Luthiers d’autres régions et du Maghreb si moyens disponibles.
  • CD et livres (soumis à accord préalable).
  1. Visite d’atelier de lutherie

A déterminer ultérieurement.

  1. Audiovisuel (TV, radio)

A déterminer ultérieurement.

  1. Concerts lors du colloque
  • Concerts et épreuves de concours habituellement programmées lors des éditions du « Festival International de Musique Andalouse et des Musiques Anciennes » ou bien du « Festival National Culturel de la San’a ».
  • Orchestres locaux.

 

Consignation des travaux

Enregistrement audiovisuel de tous les travaux du colloque. Publication des actes des travaux. Support à déterminer.

Remarque

La prise en charge des participants est totale pendant le colloque.

Participants

D’ores et déjà, Ahmed Aydoun, Syrine Ben Moussa, Rachid Guerbas, Marc Loopuyt, Eduardo Paniagua, Christian Rault et moi-même, avons donné notre accord de participation.


Hichem Zoheïr ACHI
, musicien chercheur.

Publié dans Le luth andalous

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S
Oud ‘arbi (le luth maghrébin): c’est incontestablement l’instrument le plus important du répertoire classique. On le retrouve dans les orchestres de la musique –Malouf- de l’école de Constantine<br /> (Algérie) et en Tunisie avec différents accordages. Il diffère du luth oriental (oud charqi) par ses proportions, son matériau de fabrication son accord et le nombre de ces cordes. La caisse<br /> piriforme de l’instrument, plus étroite, bombée et portes douze à vingt côtes de bois très fin (de noyer ou d’érable) collés à bord ou séparés par des filets de bois violet. La table est en bois de<br /> chêne renforcé par de larges contre-éclisses extérieurs lui permettant aussi de résister à la tension des cordes, aux changements de températures et aux chocs du plectre. Le manche court et plat,<br /> actuellement sans ligatures, se tenant par un chevillier faisant avec lui un angle d’environ 50° comportant huit chevilles en bois : quatre en haut et quatre en bas. A l’extrémité de cet angle,<br /> entre le manche et le chevillier se trouve le sillet par-dessus lequel passent quatre cordes doubles, faites de boyau, pincées à l’aide d’un plectre. Ce dernier consiste, depuis la rénovation de<br /> Ziryab, en une plume d’aigle débarrassée de son bout corné, de ses bardes et coupée en deux dans le sens de la longueur. Durant le jeu, le luth est tenu horizontalement sur les genoux, dos contre<br /> le musicien et le manche légèrement dirigé vers le haut ou vers le bas selon l’exécutant. Le plectre passe entre le médius et l’index (ou sur le coussinet des quatre doigts) de la main droite, son<br /> extrémité inférieure est rabattue en forme d’épingle à cheveux et maintenue serrée plus au moins fort selon le jeu, entre le pouce et l’index. D’après les mesures effectuées les rapports existants<br /> entre les différentes proportions du luth sont combinés de telle sorte que la note émise à l’intersection de la caisse et du manche devait être pour le luth maghrébin à un intervalle de sixte<br /> majeur (rapport 5/3) par rapport à la note émise par la corde à vide. Tandis que le luth oriental ce rapport est de 3/2 = quinte juste. L’accord du luth maghrébin varie selon le mode de la pièce<br /> jouée et diffère de celui du luth oriental. L’échelle du luth maghrébin sans démanchement dépasse à peine une octave. Bien que les luths maghrébin et oriental jouent un rôle à la fois mélodique et<br /> rythmique l’accord du luth maghrébin lui donne une technique de jeu et un timbre particulier qui sont bien différents de ceux du luth oriental. En effet, l’accord du luth maghrébin, lui permet<br /> d’utiliser le plus possible de cordes à vide, d’avoir plus facilement les accords parfaits et leurs renversements. Tout en exécutant la mélodie sur la deuxième corde, le musicien peut en même temps<br /> et dans un tempo assez rapide, pincer les bourdons : 1ère, 3ème et 4ème corde, sans aucune gêne. Comme si l’accord de l’instrument visait avant tout à faciliter l’exécution des ornements verticaux.<br /> Tandis que le jeu du luth oriental est essentiellement monodique et n’utilise ces ornements qu’avec réserve et dans un tempo plus lent. Là est la différence essentielle des deux instruments. Le<br /> luth maghrébin avec sa construction plus robuste et ses cordes plus tendues, possède une sonorité plus intense et plus brillante ; faisant de lui un instrument d’accompagnement de plein air et de<br /> groupe. Quant au luth oriental, avec sa construction plus raffinée, ses cordes plus relâchées et son accord de quartes successives est un instrument de soliste et de virtuose capable d’ajouter à<br /> son jeu essentiellement monodique une variété extraordinaire de nuances et d’ornements.<br /> <br /> Kwitra. Cet instrument typiquement Algérien, se trouve surtout dans les écoles de la çana d’Alger et du Gharnati de Tlemcen. La Kwitra ressemble beaucoup au oud ‘arbi. Le dos de sa caisse, plus<br /> petite et moins profonde que celle du luth, est fait de dix côtes environ, de bois léger. Sa table est constituée d’un assemblage de lames plates en bois léger (d’érable ou de sapin). Elle a le<br /> milieu ajouré dont le dessin représente souvent un vase fleuri. Sur les bords, autour, entre la table et le corps de la kwitra, il y a une bordure de cuir parcourue par un ornement en découpé, plus<br /> foncé que le corps et qui joint le manche. Ce dernier se termine par un chevillier fixé obliquement et contenant, le oud ‘arbi, huit chevilles. Les deux premières d’en bas pour les deux cordes<br /> jumelles (les plus aigues) ; les deux premières d’en haut aux deux cordes de la note suivante ; les deux secondes d’en bas pour les cordes de la 3ème note ; les deux secondes d’en haut pour les<br /> cordes de la 4ème note. Ces quatre cordes doubles passent sur un sillet, en os, fixé entre le manche et le chevillier et se prolongent sur la table pour rejoindre le cordier. Ce dernier consiste en<br /> une pièce ayant la forme d’une de moustaches dont les extrémités sont recourbées et sur lequel est collée une règle de bois percée de huit trous accouplés deux à deux où sont fixées les cordes. Les<br /> cordes de la kwitra sont aussi en boyau et pincées à l’aide d’un plectre en plume d’aigle passé entre l’index et le médius de la main droite et maintenu par le pouce et l’index quant à<br /> l’instrument, il est tenu, durant le jeu, sur le genou droit, le dos serré contre le musicien et le manche incliné légèrement vers le bas. L’accord de la kwitra ressemble à celui du oud ‘arbi. Il<br /> varie également selon le mode musical de la pièce joué. La quatrième corde appelé jawab ( écho ou réponse) sert presque souvent de renforcement. Parmi les doigts de la main gauche, seul l’index et<br /> l’annulaire sont utilisés, le médius n’intervient que si le mode possède une tierce mineure (par rapport à la corde vide). Ex : La = index, Si bémol = médius et si béccar : annulaire. L’auriculaire<br /> n’intervient jamais.<br /> <br /> Sources: - La musique classique du Maghreb - Mahmoud Guettat, éditions SINDBAD.
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